S A R A L A N O I R E - S A I N T E D E S G I T A N S
1967

Cher Serge,
Je t'écris de mon atelier; je bois un Whisky, j'écoute une musique suave. Rythmes et mélodies du monde gitan. Une musique qui vient de très loin, du commencement du monde. Je viens de peindre.
C'est le visage d'une mariée tunisienne.
Je suis retournée en Tunisie cet été et je suis rentrée dans une maison voir la mariée. C'était extraordinaire, elle ressemblait à une Sainte Sarah; la vierge des gitans, je ne sais pas si tu l'as déjà vue, elle se trouve dans une crypte à Saintes-Maries-de-la-Mer.
Une salle immense sans lumière avec quelques bougies autour d'elle, de l'encens, une musique arabe, une foule de femmes et de gosses hurlant autour d'elle. Elle est couverte de bijoux des pieds à la tête, les mains peintes en noir, un visage naïf, affolé, douloureux.
C'est ça que j'essaye de faire et tant que je ne suis pas assurée à le cerner, je ne ferai rien d'autre.
Lettre à Serge Creuz (1967)
