
M A T E R N I T E 1945 - 20 ans

"Figure-toi que très jeune enfant, je n'aimais pas mon père, je n'avais pas de frère, alors je décidai que j'aurai un fils; et sans mari! Ce qui faisait bien rire la servante qui vivait chez nous."
Poucette P
"Quand j'étais petite, je me souviens, je faisais semblant d'être enceinte. Je finissais par le croire moi-même et quand un jour, assise dans le tram, on voulait que je donne ma place, j'ai dit: " excusez-moi, je reste assise, j'attends un bébé". Et c'était vrai puisque j'en ai un. Il est né cinq ans plus tard".
Poucette

Mais il est difficile d'avoir un bébé seule à cette époque là, et Poucette épouse le 14 juin 1944 le futur architecte John Eggericx dont elle attend un enfant. La nuit de noces elle fera une fausse-couche due au stress qu'un nouvel esclandre soit provoqué par l'ex fiancé délaissé, Serge Creuz.
Le 02 mai 1945 elle met au monde un petit garçon du nom de Frank.

Poucette dessine sa vie et peint ce qu'elle ressent profondément. A cette époque elle a déjà exposé plusieurs fois à la Galerie Manteau. C'est le Poulain de la jeune écurie, la "pouliche sauvage" de Louis Manteau. Juliette Manteau, sa femme, sera la marraine du petite garçon.

"Ils étaient bien contents, hier, marraine et papa Louis, à la visite de leur Poucette et du si sage Franck. Franck...n'est-ce pas François? Et si c'est François, c'est aussi Suske. Dès lors, j'appellerai ton fils...Suske!
Il est très beau ton fils; et si sage. Il a un petit air de tout voir et tout comprendre et il semble être doué du sens de l'observation. C'est donc congénital!
Belles aussi sont les aquarelles reçues hier. Ce que tu as vécu, tu l'exprimes bien!
La sensibilité graphique au service des grands sentiments!
J'aurais aimé te reconduire. Porter ton fils. Je vous voyais traverser le boulevard. C'était très beau et moi, je devais rester de faction."
Papa Louis
Louis Manteau de la Galerie Manteau
Le couple s'installe au 126 rue du Pinson à Watermael Boitsfort dans la première maison construite par l'urbaniste Jean- Jules Eggericx, (le père de John), créateur des cités - jardins: "Le Logis et Le Floréal", le pavillon de la Belgique à l'expo Universelle de Paris en 1937.


Mais en effet, la vie d'épouse à la maison est à l'opposé d'une nature sauvage comme celle Poucette qui d'un coup, affolée, prend conscience de ce que les liens du mariage signifient. Bien que ce soit cet esprit sauvage qui subjuguera Serge Creuz et ensuite John Eggericx, ils tenteront tout deux de le dominer en essayant de le maîtriser au nom de l'art. John veut lui imposer une discipline à l'heure de dessiner et les orages éclatent dans le couple. Poucette finira par s'enfuir et retournera chez ses parents.

Bien qu'elle trouvera toujours le soutien de sa mère, le père militaire ne la tolèrera que très mal dans sa maison, lui faisant prendre les repas dans la cuisine. Il l'oblige à prendre un atelier et faute d'argent, Poucette ne pourra pas prendre son petit garçon avec elle.
